HELLO, IS IT ME YOU'RE LOOKING FOR ? (ft. Heaven)

Wayne, trente-six ans d'âge physique, seize d'âge mental. La période ingrate, il ne l'a jamais quittée. Sauf qu'il n'a plus l’acné - Dieu soit loué -. Cela dit, il a encore l'immaturité et le côté un peu rebelle, j'suis un foufou, j'fais ce que j'veux et je t'emmerde. Les lunettes de soleil sur le nez, un sac à dos négligemment jeté sur son épaule, il avance tête baissée. La peur d'être reconnu. Parce que, connu, il l'est. Assurément. Allez aux Etats-Unis, six ans en arrière, et vous verrez des affiches avec sa tête en premier plan. HYPERSILENCE : LE SUCCÈS ASSURÉ, DES DATES DE CONCERT AJOUTÉES. Mais ça, c'était avant. Quand Hypersilence avait encore du succès, quand le groupe était encore en capacité de remplir des salles de concert pleines. Ils n'ont pas eu la chance d'être sélectionné pour la mi-temps d'un Superbowl mais il est sûr et certain que cela aurait finit par arriver si ... Si quoi, au juste ? AUCUNE IMPORTANCE ! Wayne, pour l'instant, a mieux à faire que de se préoccuper de sa carrière au point mort. Ce qui doit arriver, arrivera. Pour l'instant, il vient de débarquer à l'aéroport de Dublin après un aller-retour rapide à New-York où il a finalisé la vente de son appartement. Ça y est, c'est officiel, il n'a plus de pied à terre aux Etats-Unis. Tout se passe désormais à Eastcliffs. Eatcliffs !! Qui aurait cru qu'il reviendrait un jour ici ? Certainement pas lui ! Mais c'est une bonne chose, il en est sûr. Et ce n'est pas ici qu'on ne le reconnaîtra pas. En plus d'avoir vécu ici jusqu'à ses vingt-cinq ans non-stop, il fait partie des Hypersilence. Ce n'est pas rien, il en a conscience. Alors, en sortant de l'aéroport, déjà, il doit s'avouer surpris de ne pas croiser de paparazzis. A l'aéroport de JFK non plus, il n'y avait personne. Mais c'est parce qu'il est passé par la petite porte parce que, pour une fois, son arrivée sur le sol américain n'était pas prévue. C'est tout. Là, à Dublin, c'est tout de même étonnant. Mais ça ne l'empêche pas d'entrer à toute vitesse dans le taxi qu'il a réservé il y a quelques jours. Il se glisse sur la banquette arrière les lunettes de soleil toujours sur le nez, et la tête toujours obstinément baissée. Il donne son adresse à voix basse après avoir salué la personne derrière le volant - une femme, semblerait-il, mais ça ne change rien au schmilblik -. « Bonjour, faites vite s'il vous plaît. Et passez par les petites rues, je ne voudrais pas être reconnu. » Lui, en faire trop ? Mais pas du tout voyons ! Il est so famous, c'est tout !