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✿ Dis moi mon p'tit champignon. T'es né ici ou pas ?Tu viens d'où sinon ? T'aimes le coin ou pas du tout ?
ma mère à mit bat (bah ouais, je la compare à un animal, mais je ne suis pas le seul. pour dire vrai, on classe les stevenson dans la branche des rongeurs... hum.) à eatscliffs et mes enfants -si un jour je me reproduit, ce qui serait fort probablement une terrible erreur- vont probablement pointés leurs bines dans cette ville également. eatscliffs, c'est un peu comme un havre de paix (ta vue comment je suis nian nian...). quand je l'ai quitté il y a dix ans, y'a une partie de moi qui savais qu'elle allait me manquer (il m'arrive de croire que cette partie ai disparu en même temps que ma jambe gauche, mais c'est juste une impression), même si ce que je désirais le plus c'est de voir le monde, quitter cette ville aux rares opportunités. vivre, dire adieu à mon passé un peu terne et à ma virginité. et j'avais tort. eastcliffs c'est mes racines, y dire adieu c'est impossible.

✿ T'sais, j'aimerais bien que tu me parles un peu de ta vie. Tu fais quoi de ton temps libre ? Et ton métier c'est quoi ?
quand j'étais jeune j'étais un loser je collectionnais les figurines de guerres dans l'espoir qu'un jour mon rêve d'y faire partie se réalise. j'étais en fascination devant tant de bravoure et moi aussi je voulais donner la fesser à ce vilain monsieur arborant fièrement la moustache rectangle (je sais, à cette époque hitler était mort depuis un sacré bout de temps... mais j'étais un gamin eukay !). alors j'ai quitté l'école à seize ans, avec la certitude de faire le bon choix. ils m'ont refusé une fois, deux fois, trois fois et vous connaissez le refrain... selon eux, je ressemblait à steve rogers (pas captain america, mais son clone squelettique) en manque de ritalin. C'est à dix-neuf ans que je rejoignis les rang (ayant pris du muscle et une dizaine de kilos) et va sans dire que j'en garde de bons, mais surtout de mauvais souvenirs. Aujourd'hui je suis retraité et je touche à peine la barre de la trentaine, mais mon boulot dans l'entreprise familiale me conviens à merveille. Les seuls explosions qu'il y a ici, c'est quand y'a une de mes sœurs qui décide de piquer une crise, ce qui peut parfois être bien divertissant... mais gare aux spm, dans ces moments là je préfère m'effacer.

✿ J'suis pas psy mais bon, si t'as besoin, tu peux tout me raconter. J'suis commère. Tu le sais ?
c'est l'histoire d'un ogre qui fait la rencontrer d'un âne parlant -qui a la même voix qu'eddie murphy, c'est fou-  et qui part secourir la princesse fiona de sa tour far far lointaine... {#}lhistoiredemavie{/#}. 

est-ce que j'ai la tête d'un mec qui se confie à n'importe qui, juste comme ça, pour s'amuser ? mais c'est ok, je pardonne ta maladresse et pour ça, je vais te raconter une petite histoire. bien chiante et ennuyeuse, comme tout le monde les aimes.

"je suis déjà mort. s'ils l'apprennent, j'ignore ce qui pourrait m'arriver." la jeune fille échappa un soupir et attrapa la main de son ami dans l'espoir de le rassurer et surtout, lui faire accélérer le pas. à quatorze ans, reagan assistait à une fête pour la première fois et va sans dire que le faire sortir de chez lui, avait été une expérience en elle-même. "reagan, ne te moques pas de moi. je connais tes parents, ils sont cool et crois-moi, ils ne remarqueront même pas que t'as quitté ta chambre et ton exemplaire du kama sutra, pour m'accompagner à cette soirée bidon." elle n'avait pas complètement tort la petite. les géniteurs stevenson étaient de très bons parents (parce que j'aime ça jouer les lèches bottes) et quand il était question de la liberté de leurs progénitures, leur statut d'apparentés de l'année montait en flèche. "alors prend sur toi et surtout continu de me suivre." la gigantesque maison d'elizabeth ce situait en bordure de mer avec une vue magnifique sur l'océan, alors pas étonnant qu'un paquet de monde avait accepté de participer à l'anniversaire de la petite sullivan et rapidement, cette dernière invitait ses nombreux *amis* à la rejoindre au salon pour jouer à un jeu de merde. *le septième ciel*. le but du jeu était plus ou moins simple. on désignait au hasard deux personnes qui devaient, pour leur part, accomplir un défi. avec toute la chance du monde (faux) reagan et sa belle inconnue (son amie du départ) furent choisi en premier. ils devaient passer cinq minutes, sans lumière, dans l'étroit placard à balais situé au fond de la pièce (un classique). ils s'exécutèrent sans brancher. "tu respires fort." collé poitrine à poitrine, on peut dire que la situation était des plus confortables. "blue, ta tête se trouve à même pas un centimètre de la mienne." dans le noir, avec difficulté, le pré-pubère essayait en vain de distinguer la demoiselle. c'était bien la première fois qu'il s'entendait dire ça.
-"il reste combien de temps ?"
-"trois minutes, je crois."
-"peut-être qu'on devrait s'embrasser, tu ne crois pas ?"
-"quoi !?"
-"reagan c'est le but du jeu et je me disais que vu qu'ils s'attendent tous à ce qu'on s'embrasse, on devrait le faire."
dans l'obscurité, il était impossible pour la petite blue de voir les joues rouges de son ami sous le choc. reagan n'avait jamais embrassé de fille auparavant et l'idée ne lui avait jamais passé par la tête, peut-être parce qu'elles le trouvaient beaucoup trop moche ou parce que blue était sa meilleure amie. un silence pesant s'installa entre les deux adolescents. devraient-ils vraiment passer à l'acte ? "ok..." finit-il par répondre. et s'avançant nerveusement l'un vers l'autre, le souffle chaud du jeune garçon effleura maladroitement les douces lèvres de son amie. c'était étrange, nouveau, mais pas désagréable. cette soirée là, reagan sut qu'il éprouvait beaucoup plus que de l'amitié pour la petite blue, mais il ne le dit jamais à personne. ça devait rester secret.