If the sun was God, I'd be covered in faith, If the ocean was the devil, I'd be covered in hate
Une Marley, en général, ça dort comme un gros tas, ça se relève en grognant pour nourrir le chat, et ça retourne disparaître sous les draps jusqu'à midi, treize heures, quinze heures... Même quand ça dort plus, ça reste au lit à rêver de rien, ça somnole dans des restes de rêves étranges, ça passe des heures à regarder le plafond en écoutant des bons morceaux ou en ricanant sur les derniers tubes. Une Marley, en général, ça apparaît les cheveux en pétard dans le salon de la colocation et ça réclame de l'attention et de la nourriture, et puis ça traine en pyjama jusqu'à ce qu'on lui donne une raison de sortir de là, ou qu'elle fasse chier quelqu'un suffisamment pour qu'on la sorte, un peu comme un chien ou un enfant.
C'est pour ça que c'est étonnant : ce matin, la chambre de Marley est vide, et le chat s'arrête devant sa gamelle pleine et miaule son incompréhension dans le lit froid de l'absence de sa maîtresse. Inconsciente des tourments de son familier, elle balance ses tennis dans son sac et le réhausse sur ses épaules, et elle continue à marcher le long de l'eau. Elle a retroussé son jean pour éviter que l'eau de la mer ne le trempe totalement, mais elle ignore les éclaboussures grandissantes qui tachent malgré tout le tissus bleu. Elle joue vaguement avec le bord de ton tee-shirt trop grand pour elle, avec ses cheveux qui commencent à repousser et à chatouiller ses épaules, avec le sable entre ses orteils.
Ses yeux s'illuminent quand elle repère une silhouette au loin. Elle est venu là pour la solitude, le calme de l'océan, l'immensité de l'horizon. Mais ça va faire une heure qu'elle marche sans but, et l'inhabituel de sa situation commence à retentir à ses oreilles. Elle veut pas réfléchir à la signification de sa démarche. Alors elle accélère le pas, un sourire aux lèvres si grand qu'il touche ses oreilles. « Bonjour ! » Elle hèle, sans gêne. Elle sait pas parler aux gens. En général, en conséquence, elle leur parle pas à moins d'y avoir été invitée : ça évite des situations douloureuses et elle s'en porte pas plus mal. Mais parfois, du coup, elle aborde sans raison, sans motif, sans réflexion. « C'est joli, la mer. » Et elle se met à marcher aux côtés de l'inconnue, faisant demi-tour sur ses talons sans penser que, peut-être, elle dérange.
CODAGE PAR AMIANTE