Beach More, Worry Less (Cherry²)

Elle ne sait pas trop ce qu'elle fout là ; comme d'habitude. Cerys, c'est le genre de nana qui atterrit toujours dans des endroits farfelus sans trop savoir comment. Pas forcément un mauvais sens de l'orientation ; surtout une tendance peut commune à se promener sans réfléchir à où aller et finir dans le bar le plus louche de la ville, la rue la plus sordide ou simplement dans le port. Pourquoi le port ? Elle n'a rien à y faire. Personne à y voir. Mais elle est quand même là, son éternelle bulle qui lui éclate sur les lèvres, ses vêtements trop colorés qui détonnent dans le paysage et ses baskets déjà trempées. Elle détonne un peu sur le fond bleu de l'océan, à côté des marins bourrus qui s'occupent de leurs navires. Elle a toujours l'air de détonner. Peut-être une façon pour elle de se dire qu'elle existe, d'attirer l'attention. Des couleurs trop brillantes et des yeux trop bleus. Elle sourit pourtant. Parce que ça sent bon la mer, qu'il ne fait pas trop froid pour une fois et qu'en dehors des mouettes, des grognements d'hommes sur un navire à sa droite et le bruit des vagues, constant et reposant, c'est plutôt calme. Un peu chiant du coup, mais pas forcément désagréable. Il ne lui faudra que cinq minutes pour devenir barge mais en attendant, elle savoure. En sautillant presque, elle avance le long de l'eau. Petite maligne, petite gamine qui fait l'équilibriste sur le bord du port, ses pieds dans un alignement parfait alors qu'elle lève les bras pour se tenir stable. Elle ne sait pas si ça fonctionne vraiment, ça a plus l'air de la faire basculer alors qu'elle agite ses bras en tous sens ; mais elle a vu que c'était comme ça qu'il fallait faire. Pas franchement une suiveuse, elle respecte pourtant les conseils des professionnels ! Normal. En riant, mise en confiance, elle décide de faire un tour parfaitement contrôlé sur elle-même, toujours sur sa ligne ... Et ça ne marche pas comme prévu. Un cri qui lui échappe alors qu'elle sent ses jambes qui s'emmêlent, sa cheville qui se tord et son corps qui tombe, tombe, tombe. Jusqu'à rencontrer une surface particulièrement dure, froide et peu accueillante. Elle veut crier mais c'est de l'eau qui entre dans sa bouche. Elle agite ses bras et tente le tout pour le tout ; remontant à la surface en toussotant comme un chaton trempé. Le courant l'a déjà fait déviée et alors qu'elle était tombée depuis le port en pierre, elle est maintenant à quatre pattes à cracher ses poumons sur du sable. « PUTAIN ! » Un cri de chiot mais ça fait du bien de le faire sortir. Trempée, échevelée et à moitié morte, elle rampe presque pour avancer. « HEY Y A PAS QUELQU'UN ? » C'est pathétique. Personne l'entendra avec sa voix à moitié étranglée, le sel lui brûlant la gorge et le nez. Mais l'espoir fait vivre, nan ? Et elle n'a pas envie de crever comme ça.